Ce blog aura pour thèmes la littérature, la philosophie , les citations , voyages … mais aussi mes humeurs …
RIMBAUD
Publié le
par sylvie
Harar le 10 novembre 1890
Ma chère maman, j'ai bien reçu ta lettre du 29 septembre1890 . En parlant de mariage, j'ai toujours voulu dire que j'entendais rester libre de voyager, de vivre l'étranger et même de continuer à vivre en Afrique.. Je suis tellement déshabitué du climat d'Europe, que je m'y remettrai difficilement . Monsieur Tian est un commerçant très honorable, établi depuis trente ans à Aden et je suis son associé dans cette partie de l'Afrique ( Harar en Ethiopie)... La moitié des bénéfices est à moi! Personne à Aden ne peut dire du mal de moi. Au contraire, je suis connu en bien de tous, dans ce pays, depuis dix années.
Cette lettre est signée d'un homme qui, dans sa trente sixième année,semble heureux de son sort : ses affaires sont prospères, il gagne de l'argent, sa réputation est irréprochable.
Son nom ? Rimbaud! Rimbaud Arthur qui meurt un an plus tard exactement le 10novembre1891, amputé de la jambe droite à l'hôpital de la Conception à Marseille, victime d'une syphilis tenace.
A Paris, cette année là , on s'arrache les oeuvres de Rimbaud, qui , 20 ans plus tôt, scandalisait la capital, fuguant à dix sept ans avec Paul Verlaine vers la Belgique, séjournant avec lui en Angleterre avant un retour à Bruxelles qui échoue dans le fait divers au terme de douze mois agités., le 10 juillet 1873 Verlaine tire un coup de pistolet sur Rimbaud qui veut rompre leur relation. La balle ne rate pas sa cible: elle tue le poète, l'homme lui, va survivre! On retrouve donc Rimbaud à Stuggart, où, cynique, désabusé, il reverra une dernière fois Verlaine sorti de prison, le 14 février 1875.
Vienne, Java, l'Irlande, la Suede, Hambourg, la ferme familiale de Roche, près de Charleville, tout l'été 1878 il travaille aux moissons.
Gênes, Chypre, Roche de nouveau,été 1879, Aden au Yemen, Harar en Ethiopie.... Commerce de café, trafic d'armes ....
Rimbaud le poète? De sa quinzième à sa vingtième année, il n'est plus qu'un laboratoire du langage en effervescence, en errance, presque en folie! le vocabulaire y est pris de vertige, se fait des frayeurs qu'il se raconte affolé, haletant et tout cela fascine le lecteur habitué au train train du vers trottinant à petits pas sur ses petits pieds.
On a cru à la naissance d'un soleil, c'était un feu d'artifice... Tant mieux pour la poésie: le mystère des étoiles demeure.